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Le web se mobilise pour la retrouver

17 octobre 2012

Une Yverdonnoise de 23 ans, abandonnée sans le sou et sans portable par son ami au milieu de nulle part en Roumanie, a été retrouvée par la police locale chez une famille gitane lundi. Elle est saine et sauve. Sa soeur et son frère témoignent.

Jessica et Jérôme se réjouissent de retrouver leur petite soeur ce soir. Ils ont vécu avec une angoisse terrible de vendredi à lundi dernier.

«Sans les internautes, on ne l’aurait peut-être pas retrouvée, ou en tout cas pas aussi rapidement.» Jessica et Jérôme sont émus à l’instant d’évoquer l’immense soutien qu’ils ont reçu de la parte d’inconnus sur le web pour retrouver leur petite soeur de 23 ans, disparue en Roumanie. «On souhaite dire merci du fond du coeur à tous ces gens qui se sont démenés pour nous aider, pour aider notre soeur, souligne Jessica. Ce soutien a été tellement fort.»

C’est vendredi dernier que le cauchemar a débuté. Mélanie, partie en voyage avec un ami roumain qu’elle a connu récemment, mais qu’elle voyait régulièrement, téléphone à sa mère avec le portable de son ami. Un appel au secours, lors duquel elle a juste le temps, avant de se faire arracher le téléphone, de raconter que, sur place, les choses ont dégénéré, que son ami lui a pris son argent et son natel.

Abandonnée au milieu de nulle part

Sortie d’une relation amoureuse difficile, l’Yverdonnoise de 23 ans avait accepté de partir en Roumanie «pour se changer les idées», raconte sa grande soeur, qui a pu s’entretenir avec elle par visioconférence lundi soir. «Ils sont partis le 28 septembre. Ils étaient d’abord à l’hôtel quelques nuits et tout se passait bien. Ensuite, une soirée dans la famille de son ami s’est mal passée, mais il ne voulait pas lui traduire ce qui se racontait. Ma soeur s’est également rendu compte qu’ils étaient allés en Roumanie avec une voiture volée!»

Dans l’enchaînement du coup de fil, l’homme va abandonner Mélanie dans une famille gitane, à l’extérieur de Piatra Neamt, la ville d’où il vient, proche de la Moldavie. «Elle s’est retrouvée au milieu de nulle part, perdue. Elle m’a dit qu’elle pensait ne jamais pouvoir rentrer.» Mélanie a ainsi passé le week-end à dormir sur la paille dans une sorte de cabane, sans eau courante, sans savoir où elle était, ni pouvoir communiquer avec ses hôtes, qui l’ont malgré tout bien traitée.

La police roumaine l’a retrouvée lundi matin. «Physiquement et moralement, ça va, même si elle est fatiguée. Elle a de la toux et son corps est rongé par les puces», raconte sa soeur.

Vendredi déjà, son frère avait alerté le Police de Sûreté à Yverdon pour signaler la disparition et l’appel au secours lancé par téléphone. Les policiers vaudois ont ainsi contacté Interpol à Berne. Les limiers suisses ont ensuite pris langue avec leurs collègues roumains, comme le confirme l’officier de presse de la Police cantonale Philippe Jaton.

Interpol et internet

Dans le même temps, Jérôme publie l’avis de recherche sur des sites internet roumains. De son côté, Jessica contacte l’ambassade de Suisse à Bucarest.

Puis, samedi, elle lance l’avis de disparition sur Facebook. Immédiatement, des centaines d’internautes ont partagé l’information. Le lendemain déjà, cela a permis d’entrer en contact avec une ancienne policière genevoise établie en Roumaine, ainsi qu’un Espagnol qui vit là-bas, après avoir longtemps habité en Suisse, et qui est lui-même marié à une ancienne policière roumaine. Des personnes qui vont, de leur côté, faire les démarches nécessaires auprès de la police locale.

D’autres internautes permettent de rapidement récolter une multitude d’informations sur l’homme en question, jusqu’au nom de sa mère, qui habite dans le Nord vaudois. La véritable identité du Roumain -il utilisait vraisemblablement plusieurs noms- est également découverte. Des renseignements immédiatement transmis aux enquêteurs. «Jamais je n’aurais pensé que ça fonctionnerait à ce point, s’émeut Jessica. On a vraiment eu un coup de chance énorme de trouver ces gens prêts à nous aider.»

« Super collaboration »

Sur place, un policier roumain passe son dimanche de congé à travailler sur l’affaire. «Il faut vraiment relever les bonnes connexions et la super collaboration entre les polices des deux pays et l’ambassade», félicite Jérôme, extrêmement reconnaissant. Les recherches ont débouché très rapidement grâce à l’excellent travail de toutes les parties.

Une fois recueillie par les policiers roumains, «qui ont été adorables avec elle», Mélanie a été accueillie par le ressortissant espagnol établi en Roumanie et son épouse. Ce dernier a fait 400 km pour aller la chercher en voiture. Lui et son épouse l’ont prise en charge avant son retour en Suisse prévu pour ce soir. Son frère l’hébergera et s’occupera d’elle ces prochains jours. «On va la soutenir», promet-il.

 

«On a imaginé le pire»

Les proches de Mélanie ont vécu dans l’angoisse durant quatre jours, pendus à leur téléphone et devant leur ordinateur. «Je m’efforçais de positiver, mais j’imaginais le pire», reconnaît Jessica. «J’avais de la peine à respirer jusqu’à ce qu’ils la retrouvent, ajoute son frère Jérôme. J’ai immédiatement pensé aux réseaux de prostitution.» Ce d’autant plus que les photos du Roumain en question étaient inquiétantes.

En discutant lundi soir avec Mélanie, sa soeur a appris qu’il était recherché dans son pays, «avec un dossier gros comme ça», notamment soupçonné d’être un dealer.

Manuel Gremion