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Les vendanges battent leur plein

18 octobre 2013

Tardives comparativement aux années précédentes, en raison des conditions météorologiques, les récoltes de raisin ont commencé presque partout dans la région. Pour certains, le temps presse, car la pourriture guette.

Yves Martin (à g.) et Claude Binggeli étaient à l’ouvrage hier du côté de Montcherand.

«Les vendanges ont démarré difficilement car nous avons eu plusieurs semaines humides. Il faut profiter de ces trois jours d’accalmie pour bien travailler», affirme Olivier Robert, œnologue à la Cave des viticulteurs de Bonvillars.

Il précise que des disparités s’observent en fonction des parcelles de vignes, en raison de divers paramètres comme le climat ou les méthodes employées par les vignerons, un commentaire confirmé par les nombreux témoignages récoltés dans le vignoble nord-vaudois.

A Bofflens, Christian Dugon n’avait pas commencé les vendanges hier. Au vu des précipitations de la semaine, il préfère attendre que le raisin s’assèche sous la fenêtre de soleil annoncée. «L’année est assez compliquée à cause de la chaleur et de l’humidité. J’ai eu plus de soucis avec le mildiou -ndlr. Un champignon s’attaquant à la vigne », constate le vigneron.

Olivier Chautems, de Champvent, considère que, globalement, les attaques de ce parasite ont été bien maîtrisées du côté des Côtes de l’Orbe par rapport à d’autres régions comme le Lavaux, où les surfaces viticoles sont plus difficiles d’accès pour être traitées.

Un autre sujet de préoccupation, la pourriture du raisin, incite les vignerons à s’activer tout particulièrement durant cette période de beau temps. «Je récolte aujourd’hui -ndlr. Hier- et, dès lundi, viendra le tour du pinot noir. Ils annoncent 18-20 degrés ce week-end. Avec de telles températures, cela peut vite pourrir », indique Daniel Gass, de Mathod. Yves Martin, de Bavois, récoltait son pinot blanc auxerrois hier après-midi à Montcherand (voir photo) pour éviter la même menace.

Guy Cousin, de Concise, a débuté les vendanges hier. Son vignoble est quelque peu concerné par la pourriture. «Cela ne va pas être une année exceptionnelle », avoue-t-il.

Cette fenêtre de beau temps est une aubaine pour les vignerons nord-vaudois.

Monique Dagon, la femme du vigneron Ronald Dagon, basé à Champagne, souligne que «le raisin pourrit à grande vitesse», l’une des raisons pour lesquelles sont mari est à pied d’oeuvre sur le terrain. Un malheur ne venant parfois pas tout seul, l’appétit des oiseaux et la météo sont d’autres acteurs contribuant à ces «vendanges difficiles». Par ailleurs, la grêle a touché le vignoble de Champagne et de Fiez, tandis que d’autres régions ont été totalement épargnées. Concernant ce paramètre, Monique Dagon relève que, malgré un rendement diminué sur quelques parcelles, «la nature a bien travaillé».

A Fiez, le passage d’un grain responsable de dégâts très importants au Lavaux et sur Neuchâtel a touché 40% du domaine des Taillefert, où le spectre de la pourriture incite à mettre particulièrement du coeur à l’ouvrage pour certains cépages.

De l’autre côté du lac, à Cheyres, le moral est au beau fixe. «Tout se passe très bien, sous le soleil. Nous en étions en souci car les vendanges tardives sont tributaires du temps, mais tout se passe normalement», se réjouit Roland Pillonel, administrateur de l’Association des vignerons de Cheyres.

La directrice de la Cave des viticulteurs de Bonvillars, Sylvie Mayland, le relève, le déroulement des vendanges à cette époque n’a rien de vraiment singulier, le décalage étant dû à la précocité exceptionnelle des dernières années.

Globalement, les vignerons consultés s’accordent sur deux points : la qualité de la cuvée s’annonce bonne, mais la quantité sera moindre, avec, une fois encore, des nuances à apporter en fonction des cépages et des régions.

Cette fenêtre de beau temps est une aubaine pour les vignerons nord-vaudois. © Michel Duperrex

Ludovic Pillonel